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mercredi 27 mai 2020
mardi 26 mai 2020
Textes dans le Mariage de Figaro
Beaumarchais,
Le Mariage de Figaro, 1784
Texte 7
Acte I,
scène 1
Le théâtre
représente une chambre à demi démeublée ; un grand fauteuil de malade est au
milieu. Figaro, avec une toise, mesure le plancher. Suzanne attache à sa tête,
devant une glace, le petit bouquet de fleurs d'orange, appelé chapeau de la
mariée. FIGARO, SUZANNE
FIGARO.
Dix-neuf pieds sur vingt-six.
SUZANNE.
Tiens, Figaro, voilà mon petit chapeau ; le trouves-tu mieux ainsi ?
FIGARO lui
prend les mains. Sans comparaison, ma charmante. Oh ? que ce joli bouquet
virginal, élevé sur la tête d'une belle fille, est doux, le matin des noces, à l'œil
amoureux d'un époux !...
SUZANNE se
retire. Que mesures-tu donc là, mon fils ?
FIGARO. Je
regarde, ma petite Suzanne, si ce beau lit que Monseigneur nous donne aura
bonne grâce ici.
SUZANNE.
Dans cette chambre ?
FIGARO. Il
nous la cède.
SUZANNE. Et
moi, je n'en veux point.
FIGARO.
Pourquoi ?
SUZANNE. Je
n'en veux point.
FIGARO. Mais
encore ?
SUZANNE.
Elle me déplaît.
FIGARO. On
dit une raison.
SUZANNE. Si
je n'en veux pas dire ?
FIGARO. Oh !
quand elles sont sûres de nous !
SUZANNE.
Prouver que j'ai raison serait accorder
que je puis avoir tort. Es-tu mon serviteur, ou non ?
FIGARO. Tu
prends de l'humeur contre la chambre du château la plus commode, et qui tient
le milieu des deux appartements. La nuit, si Madame est incommodée, elle
sonnera de son côté ; zeste, en deux pas tu es chez elle. Monseigneur veut-il quelque
chose ? il n'a qu'à tinter du sien ; crac, en trois sauts me voilà rendu.
SUZANNE.
Fort bien ! Mais quand il aura tinté le matin, pour te donner quelque bonne et
longue commission, zeste, en deux pas, il est à ma porte, et crac, en trois
sauts...
FIGARO.
Qu'entendez-vous par ces paroles ?
SUZANNE. Il
faudrait m'écouter tranquillement.
FIGARO. Eh,
qu'est-ce qu'il y a ? Bon Dieu !
SUZANNE. Il
y a, mon ami, que, las de courtiser les beautés des environs, monsieur le comte
Almaviva veut rentrer au château, mais non pas chez sa femme ; c'est sur la
tienne, entends-tu, qu'il a jeté ses vues, auxquelles il espère que ce logement
ne nuira pas. Et c'est ce que le loyal Bazile, honnête agent de ses plaisirs,
et mon noble maître à chanter, me répète chaque jour, en me donnant leçon.
FIGARO. Bazile ! ô mon mignon ! si jamais volée de
bois vert appliquée sur une échine, a dûment redressé la moelle épinière à
quelqu'un...
SUZANNE. Tu
croyais, bon garçon, que cette dot qu'on me donne était pour les beaux yeux de
ton mérite ?
FIGARO. J'avais assez fait pour l'espérer.
SUZANNE. Que les gens d'esprit sont bêtes !
FIGARO. On le dit.
SUZANNE. Mais c'est qu'on ne veut pas le croire.
FIGARO. On a tort.
SUZANNE. Apprends qu'il la destine à obtenir de moi secrètement certain
quart d'heure, seul à seule, qu'un ancien droit du seigneur... Tu sais s'il
était triste ?
FIGARO. Je le sais tellement, que si monsieur le Comte, en se mariant,
n'eût pas aboli ce droit honteux, jamais je ne t'eusse épousée dans ses
domaines.
SUZANNE. Eh bien, s'il l'a détruit, il s'en repent ; et c'est de ta fiancée
qu'il veut le racheter en secret aujourd'hui.
FIGARO, se frottant la tête. Ma tête s'amollit de surprise, et mon front
fertilisé...
SUZANNE. Ne le frotte donc pas !
FIGARO. Quel danger ?
SUZANNE, riant. S'il y venait un petit bouton, des gens superstitieux...
FIGARO. Tu ris, friponne ! Ah ! s'il y avait moyen d'attraper ce grand
trompeur, dele faire donner dans un bon piège, et d'empocher son or !
SUZANNE. De l'intrigue et de l'argent, te voilà dans ta sphère.
Texte 8
Acte II
scène 2
FIGARO, SUZANNE, LA COMTESSE, assise.SUZANNE.
Mon cher ami, viens donc ! Madame est dans une impatience !…
FIGARO.
Et toi, ma petite Suzanne ? — Madame n’en doit prendre aucune. Au fait, de quoi s’agit-il ? d’une misère. Monsieur le comte trouve notre jeune femme aimable, il voudrait en faire sa maîtresse ; et c’est bien naturel.
SUZANNE.
Naturel ?
FIGARO.
Puis il m’a nommé courrier de dépêches, et Suzon conseiller d’ambassade. Il n’y a pas là d’étourderie.
SUZANNE.
Tu finiras ?
FIGARO.
Et parce que ma Suzanne, ma fiancée, n’accepte pas le diplôme, il va favoriser les vues de Marceline : quoi de plus simple encore ? Se venger de ceux qui nuisent à nos projets en renversant les leurs, c’est ce que chacun fait, c’est ce que nous allons faire nous-mêmes. Eh bien, voilà tout, pourtant.
LA COMTESSE.
Pouvez-vous, Figaro, traiter si légèrement un dessein qui nous coûte à tous le bonheur ?
FIGARO.
Qui dit cela, madame ?
SUZANNE.
Au lieu de t’affliger de nos chagrins…
FIGARO.
N’est-ce pas assez que je m’en occupe ? Or, pour agir aussi méthodiquement que lui, tempérons d’abord son ardeur de nos possessions, en l’inquiétant sur les siennes.
LA COMTESSE.
C’est bien dit ; mais comment ?
FIGARO.
C’est déjà fait, madame ; un faux avis donné sur vous…
LA COMTESSE.
Sur moi ? la tête vous tourne !
FIGARO.
Oh ! c’est à lui qu’elle doit tourner.
LA COMTESSE.
Un homme aussi jaloux !…
FIGARO.
Tant mieux ! pour tirer parti des gens de ce caractère, il ne faut qu’un peu leur fouetter le sang : c’est ce que les femmes entendent si bien ! Puis, les tient-on fâchés tout rouge, avec un brin d’intrigue on les mène où l’on veut, par le nez, dans le Guadalquivir. Je vous ai fait rendre à Basile un billet inconnu, lequel avertit monseigneur qu’un galant doit chercher à vous voir aujourd’hui pendant le bal.
LA COMTESSE.
Et vous vous jouez ainsi de la vérité sur le compte d’une femme d’honneur !…
FIGARO.
Il y en a peu, madame, avec qui je l’eusse osé, crainte de rencontrer juste.
LA COMTESSE.
Il faudra que je l’en remercie !
FIGARO.
Mais dites-moi s’il n’est pas charmant de lui avoir taillé ses morceaux de la journée, de façon qu’il passe à rôder, à jurer après sa dame, le temps qu’il destinait à se complaire avec la nôtre ! Il est déjà tout dérouté : galopera-t-il celle-ci ? surveillera-t-il celle-là ? Dans son trouble d’esprit, tenez, tenez, le voilà qui court la plaine, et force un lièvre qui n’en peut mais. L’heure du mariage arrive en poste ; il n’aura pas pris de parti contre, et jamais il n’osera s’y opposer devant madame.
SUZANNE.
Non ; mais Marceline, le bel esprit, osera le faire, elle.
FIGARO.
Brrrr. Cela m’inquiète bien, ma foi ! Tu feras dire à monseigneur que tu te rendras sur la brune au jardin.
SUZANNE.
Tu comptes sur celui-là ?
FIGARO.
Oh ! dame, écoutez donc ; les gens qui ne veulent rien faire de rien n’avancent rien, et ne sont bons à rien. Voilà mon mot.
SUZANNE.
Il est joli !
LA COMTESSE.
Comme son idée : vous consentiriez qu’elle s’y rendît ?
FIGARO.
Point du tout. Je fais endosser un habit de Suzanne à quelqu’un : surpris par nous au rendez-vous, le comte pourra-t-il s’en dédire ?
SUZANNE.
À qui mes habits ?
FIGARO.
Chérubin.
LA COMTESSE.
Il est parti.
FIGARO.
Non pas pour moi ; veut-on me laisser faire ?
SUZANNE.
On peut s’en fier à lui pour mener une intrigue.
FIGARO.
Deux, trois, quatre à la fois ; bien embrouillées, qui se croisent. J’étais né pour être courtisan.
SUZANNE.
On dit que c’est un métier si difficile !
FIGARO.
Recevoir, prendre, et demander : voilà le secret en trois mots.
LA COMTESSE.
Il a tant d’assurance qu’il finit par m’en inspirer.
FIGARO.
C’est mon dessein.
SUZANNE.
Tu disais donc…
FIGARO.
Que, pendant l’absence de monseigneur, je vais vous envoyer le Chérubin : coiffez-le, habillez-le ; je le renferme et l’endoctrine ; et puis dansez, monseigneur.
Texte 10
Extrait du monologue de Figaro :
Beaumarchais,Le
Mariage de Figaro, Le monologue
de Figaro, V, (Suzanne, d'accord avec la Comtesse, a fait
parvenir au Comte un billet, destiné à l'attirer dans un piège, "sous les marronniers".
Figaro a vu le Comte lire la lettre, et, grâce à une épingle, a su que c'est Suzanne qui l'a rédigée. Il se croit
trahi, et laisse éclater ses ressentiments.)
...Figaro, seul, se promenant dans l'obscurité, dit
du ton le plus sombre:
Ô femme ! femme ! femme ! créature faible et décevante !... nul animal créé ne peut manquer à son instinct : le tien est-il
donc de tromper ?... Après m'avoir obstinément refusé quand je l'en pressais devant sa maîtresse ; à
l'instant qu'elle me donne sa parole, au milieu même de la cérémonie ... Il riait en lisant, le
perfide ! et moi comme un benêt ... Non, monsieur le Comte, vous ne l'aurez pas... vous ne l'aurez pas.
Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !...
Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu'avez-vous
fait pour tant de biens ? Vous
vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. Du reste, homme assez ordinaire ; tandis que moi, morbleu! perdu
dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement,
qu'on n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes : et vous voulez jouter ... On
vient... c'est elle... ce n'est personne. - La nuit est noire
en
diable, et me voilà faisant le sot métier de mari quoique je ne le sois qu'à moitié !
(Il
s'assied sur un banc.)
Est-il rien de plus bizarre que ma destinée ? Fils de je
ne sais pas qui, volé par des bandits,
élevé dans leurs mœurs, je
m'en dégoûte et veux courir une carrière honnête ; et partout je suis repoussé ! J'apprends la chimie, la
pharmacie, la chirurgie, et tout le crédit d'un grand seigneur peut à peine me mettre à la main une lancette vétérinaire
! - Las d'attrister des bêtes malades, et pour
faire
un métier contraire, je me jette à corps perdu dans le théâtre : me fussé-je
mis une pierre au cou ! Je
broche une comédie dans les mœurs
du sérail ; auteur espagnol, je crois pouvoir y fronder Mahomet sans scrupule : à l'instant un
envoyé... de je ne sais où se plaint que j'offense dans mes vers la Sublime Porte, la Perse, une partie
de la presqu'île de l'Inde, toute l'Égypte, les royaumes de Barca, de Tripoli, de Tunis, d'Alger et de
Maroc : et voilà ma comédie flambée, pour plaire aux princes
mahométans,
dont pas un, je crois, ne sait lire, et qui nous meurtrissent l'omoplate en
nous disant :chiens de
chrétiens ! - Ne pouvant avilir l'esprit, on se venge en le maltraitant. - Mes
joues creusaient ; mon terme
était échu ; je voyais de loin arriver l'affreux recors, la plume fichée dans
sa perruque ; en frémissant je
m'évertue. [...] Il s'élève une question sur la nature des richesses ; et,
comme il n'est pas nécessaire
de tenir les choses pour en raisonner, n'ayant pas un sol, j'écris sur la
valeur de l'argent et sur son produit net :
sitôt je vois du fond d'un fiacre baisser pour moi le pont d'un château fort , à l'entrée duquel je laissai l'espérance et
la liberté. (Il se lève.) Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre jours, si légers sur le
mal qu'ils ordonnent, quand une bonne disgrâce a cuvé son orgueil ! Je lui dirais... que les sottises
imprimées n'ont d'importance qu'aux lieux où l'on en gêne le cours ; que sans la liberté de blâmer, il
n'est point d'éloge flatteur ; et qu'il n'y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits. (Il se rassied.)
Las de nourrir un obscur pensionnaire,
on me met un jour dans la rue ;
et comme il faut dîner, quoiqu'on ne soit plus en prison, je taille encore ma
plume et demande à chacun de
quoi il est question : on me dit que, pendant ma retraite économique, il s'est établi dans Madrid un système de liberté
sur la vente des productions, qui s'étend même à celles de la presse ; et que, pourvu que je ne parle en
mes écrits ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique, ni
de
la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l'Opéra, ni des autres
spectacles, ni de personne qui
tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l'inspection de
deux ou trois censeurs. Pour
profiter de cette douce liberté, j'annonce un écrit périodique, et, croyant
n'aller sur les brisées d'aucun
autre, je le nomme Journal
inutile. Pou-ou ! je vois
s'élever contre moi mille pauvres
diables à la feuille , on me supprime , et me voilà derechef sans emploi !
Notes sur l'extrait du monologue
Notes sur l'extrait du monologue
Les trois poèmes retenus dans Alcools
Le début du poème « Zone »
À la fin tu es las de ce monde ancien
Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin
Tu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaine
Ici même les automobiles ont l'air d'être anciennes
La religion seule est restée toute neuve la religion /
Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation
Seul en Europe tu n'es pas antique ô Christianisme
L'Européen le plus moderne c'est vous Pape Pie X
Et toi que les fenêtres observent la honte te retient /
D'entrer dans une église et de t'y confesser ce matin
Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut
Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux
Il y a les livraisons à 25 centimes pleines d'aventures policières
Portraits des grands hommes et mille titres divers
J'ai vu ce matin une jolie rue dont j'ai oublié le nom
Neuve et propre du soleil elle était le clairon
Les directeurs les ouvriers et les belles sténodactylographes
Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent
Le matin par trois fois la sirène y gémit
Une cloche rageuse y aboie vers midi
Les inscriptions des enseignes et des murailles
Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent
J'aime la grâce de cette rue industrielle
Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l'avenue des Ternes (...)
Le Pont Mirabeau
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Mai
Le mai le
joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s'éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s'éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains
Or des
vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières
Sur le
chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s'éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s'éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment
Le mai le
joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes
Apollinaire,
Alcools
Les trois textes du parcours associé: le roman d'apprentissage
Parcours associé : le roman d’apprentissage :
Extrait du Père Goriot la fin du roman :
En attendant les deux prêtres, l’enfant de chœur et le bedeau, Rastignac
serra la main de Christophe, sans pouvoir prononcer une parole. — Oui, monsieur Eugène, dit Christophe, c’était un brave et honnête homme, qui n’a jamais dit une parole plus haut que l’autre, qui ne nuisait à personne et n’a jamais fait de mal.
Les deux prêtres, l’enfant de chœur et le bedeau vinrent et donnèrent tout ce qu’on peut avoir pour soixante-dix francs dans une époque où la religion n’est pas assez riche pour prier gratis. Les gens du clergé chantèrent un psaume, le Libera, le De profundis. Le service dura vingt minutes. Il n’y avait qu’une seule voiture de deuil pour un prêtre et un enfant de chœur, qui consentirent à recevoir avec eux Eugène et Christophe.
— Il n’y a point de suite, dit le prêtre, nous pourrons aller vite, afin de ne pas nous attarder, il est cinq heures et demie.
Cependant, au moment où le corps fut placé dans le corbillard, deux voitures armoriées, mais vides, celle du comte de Restaud et celle du baron de Nucingen, se présentèrent et suivirent le convoi jusqu’au Père-Lachaise. A six heures, le corps du père Goriot fut descendu dans sa fosse, autour de laquelle étaient les gens de ses filles, qui disparurent avec le clergé aussitôt que fut dite la courte prière due au bonhomme pour l’argent de l’étudiant. Quand les deux fossoyeurs eurent jeté quelques pelletées de terre sur la bière pour la cacher, ils se relevèrent, et l’un d’eux, s’adressant à Rastignac, lui demanda leur pourboire. Eugène fouilla dans sa poche et n’y trouva rien, il fut forcé d’emprunter vingt sous à Christophe. Ce fait, si léger en lui-même, détermina chez Rastignac un accès d’horrible tristesse. Le jour tombait, un humide crépuscule agaçait les nerfs, il regarda la tombe et y ensevelit sa dernière larme de jeune homme, cette larme arrachée par les saintes émotions d’un cœur pur, une de ces larmes qui, de la terre où elles tombent, rejaillissent jusque dans les cieux. Il se croisa les bras, contempla les nuages, et, le voyant ainsi, Christophe le quitta.
Rastignac, resté seul, fit quelques pas vers le haut du cimetière et vit Paris tortueusement couché le long des deux rives de la Seine où commençaient à briller les lumières. Ses yeux s’attachèrent presque avidement entre la colonne de la place Vendôme et le dôme des Invalides, là où vivait ce beau monde dans lequel il avait voulu pénétrer. Il lança sur cette ruche bourdonnante un regard qui semblait par avance en pomper le miel, et dit ces mots grandioses :
— A nous deux maintenant !
Et pour premier acte du défi qu’il portait à la Société, Rastignac alla dîner chez madame de Nucingen.
Extrait de Bel Ami de Maupassant, la fin du roman :
Lorsque
l’office fut terminé, il se redressa, et, donnant le bras à sa femme, il passa
dans la sacristie. Alors commença l’interminable défilé des assistants.
Georges, affolé de joie, se croyait un roi qu’un peuple venait acclamer. Il
serrait des mains, balbutiait des mots qui ne signifiaient rien, saluait,
répondait aux compliments : « Vous êtes bien aimable. »
Soudain il
aperçut Mme de Marelle ; et le souvenir de
tous les baisers qu’il lui avait donnés, qu’elle lui avait rendus, le souvenir
de toutes leurs caresses, de ses gentillesses, du son de sa voix, du goût de
ses lèvres, lui fit passer dans le sang le désir brusque de la reprendre. Elle
était jolie, élégante, avec son air gamin et ses yeux vifs. Georges
pensait : « Quelle charmante maîtresse, tout de même. »
Elle
s’approcha un peu timide, un peu inquiète, et lui tendit la main. Il la reçut
dans la sienne et la garda. Alors il sentit l’appel discret de ses doigts de
femme, la douce pression qui pardonne et reprend. Et lui-même il la serrait,
cette petite main, comme pour dire : « Je t’aime toujours, je suis à
toi ! »
Leurs yeux
se rencontrèrent, souriants, brillants, pleins d’amour. Elle murmura de sa voix
gracieuse :
— À bientôt,
monsieur.
Il répondit
gaiement :
— À bientôt,
madame.
Et elle
s’éloigna.
D’autres
personnes se poussaient. La foule coulait devant lui comme un fleuve. Enfin
elle s’éclaircit. Les derniers assistants partirent.
Georges
reprit le bras de Suzanne pour retraverser l’église.
Elle était
pleine de monde, car chacun avait regagné sa place, afin de les voir passer
ensemble. Il allait lentement, d’un pas calme, la tête haute, les yeux fixés
sur la grande baie ensoleillée de la porte. Il sentait sur sa peau courir de
longs frissons, ces frissons froids que donnent les immenses bonheurs. Il ne
voyait personne. Il ne pensait qu’à lui.
Lorsqu’il
parvint sur le seuil, il aperçut la foule amassée, une foule noire, bruissante,
venue là pour lui, pour lui Georges Du Roy. Le peuple de Paris le contemplait
et l’enviait.
Puis,
relevant les yeux, il découvrit là-bas, derrière la place de la Concorde, la
Chambre des députés. Et il lui sembla qu’il allait faire un bond du portique de
la Madeleine au portique du Palais-Bourbon.
Il descendit
avec lenteur les marches du haut perron entre deux haies de spectateurs. Mais
il ne les voyait point ; sa pensée maintenant revenait en arrière, et
devant ses yeux éblouis par l’éclatant soleil flottait l’image de Mme de Marelle rajustant en face de la
glace les petits cheveux frisés de ses tempes, toujours défaits au sortir du
lit.
FIN
Extrait de la lettre 81 de Liaisons Dangereuses de Laclos : L’éducation
que Mme de Merteuil s’est donnée
Extrait de la lettre 81, de La Marquise de
Merteuil au Vicomte de Valmont
Mais moi,
qu’ai-je de commun avec ces femmes inconsidérées? Quand m’avez-vous vue m’écarter
des règles que je me suis prescrites et manquer à mes principes? je dis mes principes,
et je le dis à dessein: car ils ne sont pas, comme ceux des autres femmes,
donnés au hasard, reçus sans examen et suivis par habitude; ils sont le fruit
de mes profondes réflexions; je les ai créés, et je puis dire que je suis mon
ouvrage.
Entrée dans
le monde dans le temps où, fille encore, j’étais vouée par état au silence et à
l’inaction, j’ai su en profiter pour observer et réfléchir. Tandis qu’on me
croyait étourdie ou distraite, écoutant peu à la vérité les discours qu’on
s’empressait de me tenir, je recueillais avec soin ceux qu’on cherchait à me
cacher.
Cette utile
curiosité, en servant à m’instruire, m’apprit encore à dissimuler: forcée
souvent de cacher les objets de mon attention aux yeux qui m’entouraient,
j’essayai de guider les miens à mon gré; j’obtins dès lors de prendre à volonté
ce regard distrait que depuis vous avez loué si souvent. Encouragée par ce
premier succès, je tâchai de régler de même les divers mouvements de ma figure.
Ressentais-je quelque chagrin, je m’étudiais à prendre l’air de la sécurité,
même celui de la joie; j’ai porté le zèle jusqu’à me causer des douleurs
volontaires, pour chercher pendant ce temps l’expression du plaisir. Je me suis
travaillée avec le même soin et plus de peine pour réprimer les symptômes d’une
joie inattendue. C’est ainsi que j’ai su prendre sur ma physionomie cette
puissance dont je vous ai vu quelquefois si étonné.
J’étais bien
jeune encore, et presque sans intérêt: mais je n’avais à moi que ma pensée, et je
m’indignais qu’on pût me la ravir ou me la surprendre contre ma volonté. Munie
de ces premières armes, j’en essayai l’usage: non contente de ne plus me
laisser pénétrer, je m’amusais à me montrer sous des formes différentes; sûre
de mes gestes, j’observais mes discours; je réglais les uns et les autres,
suivant les circonstances, ou même seulement suivant mes fantaisies: dès ce
moment, ma façon de penser fut pour moi seule, et je ne montrai plus que celle
qu’il m’était utile de laisser voir.
Ce travail
sur moi-même avait fixé mon attention sur l’expression des figures et le caractère
des physionomies; et j’y gagnai ce coup d’œil pénétrant, auquel l’expérience
m’a pourtant appris à ne pas me fier entièrement; mais qui, en tout, m’a
rarement trompée.
Je n’avais
pas quinze ans, je possédais déjà les talents auxquels la plus grande partie de
nos politiques doivent leur réputation, et je ne me trouvais encore qu’aux
premiers éléments de la science que je voulais acquérir.
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