mardi 31 mars 2020

Cours du 31 mars: Etude des 24 premiers vers de " Zone"

Si nous avions eu cours ce matin, nous aurions fait l'étude du début du poème "Zone", troisième extrait d'Alcools pour l'oral du bac Je vous propose une explication linéaire guidée par une série de questions. Vous pouvez essayer d'abord de répondre aux questions pour vous à l'oral avant de lire la réponse que je donne.
Si vous ne comprenez pas, il est capital que vous m'envoyiez un mail ou même un coup de fil pour que je puisse vous expliquer. 
Après avoir bien travaillé l'explication de texte, vous pouvez rédiger une introduction et me l'envoyer pour que je la valide d'ici à samedi 4 avril



 Début du poème « Zone »

À la fin tu es las de ce monde ancien
Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin
Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine
Ici même les automobiles ont l’air d’être anciennes
La religion seule est restée toute neuve la religion
Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation
Seul en Europe tu n’es pas antique ô Christianisme
L’Européen le plus moderne c’est vous Pape Pie X
Et toi que les fenêtres observent la honte te retient
D’entrer dans une église et de t’y confesser ce matin
Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui
chantent tout haut
Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux
Il y a les livraisons à 25 centimes pleines d’aventure policières
Portraits des grands hommes et mille titres divers
J’ai vu ce matin une jolie rue dont j’ai oublié le nom
Neuve et propre du soleil elle était le clairon
Les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographes
Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent
Le matin par trois fois la sirène y gémit
Une cloche rageuse y aboie vers midi
Les inscriptions des enseignes et des murailles
Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent
J’aime la grâce de cette rue industrielle
Située à Paris entre la rue Aumont-Thieville et l’avenue
des Ternes

I.La revendication de la modernité (vers 1 à 10)

1.    Scandez le premier vers. En quoi ce choix poétique est-il paradoxal avec le sens du vers ?

La scansion du premier vers peut donner 11 ou 12 syllabes, selon que l’on repère ou non la diérèse sur « ancien ». Le poète se place donc d’emblée dans une forme ambiguë, laissant au lecteur le choix de l’alexandrin. L’usage de ce vers noble est par ailleurs assez paradoxal. En effet, le poète ouvre son poème (le premier du recueil) sur la lassitude du « monde ancien », tout en reprenant en apparence une forme poétique ancienne ! Ce
Paradoxe  peut s’apparenter à une forme d’humour, ou d’ironie, renforcée par les premiers mots : « À la fin », étonnant pour le premier vers du premier poème. Il faut ici le comprendre comme l’aboutissement d’une réflexion menée depuis longtemps, et sur laquelle le poème bilan « Zone » va revenir en adoptant dès le vers 25 une chronologie proche de l’autobiographie.

2 .La Tour Eiffel est-elle ancienne ou moderne pour le poète ?

2. Ce paradoxe semble se poursuivre sur le deuxième vers .Alors que le poète refuse « ce monde ancien », le vers 2 s’ouvre sur un personnage ancien, la « bergère », l’héroïne des églogues ( poèmes qui évoquent la campagne idéalisée) ou des romans pastoraux ( romans qui ont pour personnages des bergères et des bergers comme L’Astrée) du XVIIème siècle. Mais ici, le terme est en apposition avec « ô tour Eiffel » : la tour Eiffel, toute neuve, est assimilée à cette bergère en ce qu’elle garde le « troupeau des ponts », qu’elle domine de toute sa hauteur. On observe alors dans ce vers une alternance systématique entre éléments anciens et éléments modernes ou qui évoquent la nouveauté : « bergère » // « tour Eiffel » // « troupeau » // « ponts » // « bêle » // « matin ». La ville de Paris fascine le poète, parce qu’elle entremêle les différentes époques, créant ainsi quelque chose de totalement moderne. La métaphore des ponts assimilés à des moutons peut étonner les élèves. Peut-être, ici, ce sont les voitures qui klaxonnent sur ces ponts qui imitent le bêlement des moutons. Par ces deux images qui coïncident, la ville s’anime et prend vie. Les éléments du progrès sont rendus vivants par l’écriture poétique.

3.Pourquoi selon le poète la religion est-elle « toute neuve » ?

3. Encore un paradoxe dans les évocations de la religion catholique… Le vers 3 reprend le tout premier (au « tu es las » se juxtapose le « tu en as assez », d’un lexique plus courant), et explicite « ce monde ancien » puisqu’il parle plus précisément de « l’antiquité grecque et romaine ». C’est en lien avec ce vers qu’il faut comprendre la modernité de la religion catholique, qui est ici moderne au sens chronologique du terme. Mais si la religion est moderne, c’est peut-être aussi, aux vers 5 et 6, par le parallèle qu’il crée entre elle et l’aviation. La comparaison
« simple comme les hangars de Port-Aviation » est assez confuse. On peut la comprendre par le fait que religion et aviation ont à voir avec l’élévation, spirituelle pour la première, physique pour la seconde. Enfin, le vers 8 est toujours aussi ambigu : « L’européen le plus moderne c’est vous pape Pie X ». Il semble montrer un vrai respect du poète pour le Pape, puisque le vouvoiement se substitue au tutoiement, et que l’éloge de la modernité est renforcé par le superlatif « le plus moderne ». Et pourtant, qualifier de « moderne » un pape qui a contribué grandement au mouvement de l’antimodernisme est plutôt ironique ! Deux explications sont possibles :
Pie X ayant béni l’un des premiers aviateurs, il est moderne au sens où il participe de l’aventure de l’aviation qui fascine Apollinaire. Et le Pape est moderne parce que, comme le vers 7 l’explique, la religion catholique est le symbole de la sortie définitive de l’Antiquité gréco-romaine. Ces quelques vers exposent toute la complexité du
rapport d’Apollinaire à la religion. Vers 9-10, il dit sa « honte » qui l’empêche d’entrer dans une église, dans deux vers accentués par l’enjambement qui les relie. Depuis sa crise de foi à l’âge de seize ans, le poète vit une spiritualité difficile.

4.En quoi la situation d’énonciation ( Qui parle à qui dans le poème ? qui le locuteur et le destinataire du texte ?) et la forme poétique montrent-elles le choix de la modernité ?


4. Dans ce premier passage de « Zone », la forme poétique annonce le choix de la modernité. Si le premier vers peut être lu comme un alexandrin, le second est de 16 syllabes, et échappe à toute forme fixe. Et pourtant, on peut lire un alexandrin dans le vers 2, voire deux hexasyllabes : « Bergère ô tour Eiffel // Le troupeau
des ponts bêle ». Le poète instaure un nouveau jeu de reprise/ rupture avec la tradition poétique. L’énonciation est elle aussi particulière : à l’habituel « je » poétique se substitue la deuxième personne : « tu es las », ou la cinquième : « c’est vous ». Si l’on peut penser au début que le poète s’adresse à son lecteur en le tutoyant, on comprend rapidement que c’est à lui-même qu’il parle, dans un jeu de distanciation, de dédoublement, rendu plus évident par l’usage de la première personne au vers 15 (« j’ai vu ce matin ». La reprise de « ce matin », déjà présent au vers 2, montre bien que le« je » et le « tu » ne font qu’un.


II. La poésie dans la ville (vers 11 à 14)

1. Quel champ lexical unit ces quatre vers ? Où est la poésie de la ville pour le poète ?


1. Ces quatre vers forment un ensemble cohérent parce qu’ils sont construits sur une isotopie ( autre façon de dire « champ lexical) de l’écriture : « prospectus », « catalogues», « affiches », « journaux », « aventures policières », « portraits », « titres ». Apollinaire dresse la liste, avec une énumération qui l’accentue au vers 11, de tout ce que le paysage urbain offre à lire à qui le traverse. Mais il ne se contente pas de citer tous ces éléments, il les classe, comme un critique littéraire. D’un côté la « poésie », dans les slogans et autres affiches publicitaires, d’un autre la « prose »,
dans les faits divers des journaux et tous les articles qu’il y trouve. La prose est donc définie par son aspect narratif (« aventures policières » à suspens, « portraits des grands hommes » en forme de biographies), alors que la poésie rassemble toutes les formes très brèves d’écriture, qui « chantent tout haut », comme chanterait une réclame publicitaire.
La poésie est musique, à l’image du vers libre utilisé dans ce poème.

2. Par quels procédés montre-t-il sa fascination pour cette poésie ?

2.De nombreuses hyperboles marquent son admiration :« chantent tout haut », « pleines d’aventures », « grands hommes »,« mille titres divers ». On y joindra tous les pluriels emphatiques, l’élan de l’énumération du vers 11, et l’emphase de la déclaration « Voilà la poésie ce matin ». Ce vers sonne comme une véritable annonce de la naissance de la poésie du monde moderne, notamment par l’usage du déterminant défini « la poésie », qui ne désigne pas seulement une poésie particulière. Sa particularité, ici, c’est qu’elle semble éclater aux yeux des passants, elle s’affiche sur tous les murs, elle chante à toutes les oreilles.

2.    Quel lexique particulier emploie-t-il dans ces vers ?


3. Il est paradoxal que dans ces quelques vers qui sont un hymne à la poésie, le lexique soit particulièrement courant : « Tu lis les prospectus les catalogues les affiches ». La syntaxe est très proche de l’oral, comme dans l’anaphore « il y a ». Plus marquant encore, le détail des « livraisons à vingt-cinq centimes », qui fait entrer dans l’écriture poétique les chiffres et l’argent, deux réalités particulièrement prosaïques. Mais là encore, c’est la poésie qu’Apollinaire revendique, dans le monde urbain et dans sa conception de l’écriture poétique. Tout est poésie.



 III.La Ville poétisée ( vers 15 à 24)

1. Justifiez le fait que cet ensemble de vers crée une unité.

1.Le vers 15 est le premier du poème à employer la première personne : « J’ai vu ce matin une jolie rue ». L’ouverture de ce vers est très narrative, et les vers suivants vont décrire effectivement cette « jolie rue » annoncée. C’est en quelque sorte le fil rouge de cet ensemble, repris par « neuve et propre », « elle était », et les pronoms « y passent », « y gémit », « y aboie ». Enfin, les derniers vers de l’ensemble retournent à la rue en général, avec une structure en boucle : « J’aime la grâce de cette rue industrielle / Située à Paris… ».

2.. Quelle réalité de la ville de Paris le poète décrit-il dans ces vers ?

La po2. Apollinaire choisit de décrire une seule rue parisienne du XVIIème arrondissement, comme l’indiquent les repères géographiques précis du vers 24 (« entre la rue Aumont-Thiéville et l’avenuedes Ternes »). Ce qui l’intéresse, c’est le monde du travail, dont le champ lexical est omniprésent : « les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographes », énumère-t-il au vers 17. La réalité des industries parisienne est largement retranscrite dans tous les détails, comme la « sirène » des machines, la « cloche » qui marque le début de la journée ou la pause de « midi », et toutes les « enseignes » qui décorent le paysage urbain des noms des entreprises ou de leurs slogans publicitaires. Le vers 18 décrit, quant à lui, la monotonie d’une journée de travail : « du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour », que l’on retrouve dans les deux vers suivants (« le matin par trois fois », « vers midi »). On retrouve ici encore la présence des heures, des chiffres, réalité de la vie des Parisiens. Mais cette monotonie n’a rien de désespérant, elle sonne, à l’inverse, comme un rythme presque musical. On peut le lire dans « Le matin par trois fois la sirène y gémit », où l’alexandrin est mimétique de ce rythme par sa structure en 3+3+3+3. Il s’agit bien d’une « rue industrielle », et la presque oxymore de ce vers, dans la collusion de « grâce » et « industrielle », dit bien toute la poésie que le poète lit dans une ville moderne.

3. Relevez le champ lexical du bruit. Quel lien pouvez-vous faire avec les vers 11 à 14 ? Comment l’écriture poétique transforme-telle le réel ?

3. Dès le début de ce passage, la rue est assimilée à un instrument de musique : « du soleil elle était le clairon ». Cette métaphore est accentuée par l’antéposition du complément du nom, qui permet de faire résonner le « clairon » en fin de vers, éclairé par la rime avec « nom ». Puis le poète évoque « la sirène » qui « gémit »,
la « cloche rageuse » qui « aboie », et les affiches qui « à la façon des perroquets criaillent ». On retrouve donc la précision du vers 11, où les affiches « chantent tout haut ». La poésie de cette rue est, comme la poésie de tout Paris, sonore, éclatante. Mais ces références à la musique et au bruit permettent également de transformer cette rue. La « sirène » des usines, par la métaphore du verbe « gémir », devient la sirène mythologique qui attire les marins. De la même manière, l’adjectif « rageuse » personnifie la « cloche » et, par l’évocation de la « rage », la transforme en un chien qui « aboie ». Enfin, les « enseignes » et les « plaques », silencieuses, deviennent sonores puisqu’elles « criaillent » à la manière de « perroquets ». Tout est métamorphosé par l’écriture poétique : cette « rue industrielle » devient une faune incroyable, qui mêle animaux domestiques, mythologiques et exotiques, dans une cacophonie dominée par le « clairon ». L’espace urbain est donc totalement transfiguré, et prend une dimension féerique qui se superpose à la réalité précise évoquée par le poète.

On peut alors lire ce début de « Zone » comme un art poétique ( Texte qui présente la façon dont un poète conçoit sa poésie), en ce qu’Apollinaire y pose les jalons de toute sa poésie, qui revivifie les anciennes traditions en les liant à un nouveau lyrisme.ésie


A

lundi 30 mars 2020

Apollinaire et la ville moderne

Voici le corrigé aux questions que vous m'avez envoyées. A retenir dans la perspective d'une dissertation qui viserait à montrer que la poésie d'Apollinaire se situe entre tradition et modernité.Si vous ne comprenez pas, il faut m'écrire lavoixduplateau@gmail.com ou me téléphoner:0788373590.

Dans vos réponses je trouve plusieurs fois des formules semblables, parfois des erreurs similiares: faites plus confiance à votre propre réflexion.


Guillaume Apollinaire est fasciné par les progrès incroyables qui, depuis le début de la Belle Époque en 1870, changent radicalement le paysage urbain.
 Il faut rappeler  les bouleversements du quotidien des Parisiens au début du xxe siècle :
en 1895, naissance du cinéma ;
en 1889, la tour Eiffel ;
en 1900, création de la première ligne de métro,
puis disparition progressive des derniers autobus à chevaux ; la même année, installation de l’éclairage électrique dans Paris à l’occasion de l’Exposition universelle;
en 1909,Blériot traverse la Manche en avion et le premier poste de TSF est
installé…

Alcools rend compte de ces changements radicaux qui transforment le rapport à la ville et au monde.

1. C’est le lexique choisi par Apollinaire qui inscrit le plus évidemment ses textes dans le contexte de la ville. « Tour Eiffel »,« rue industrielle », « pont Mirabeau », « tramways », « électricité »,« quartiers », « machines », ou encore « Usines manufactures », tous évoquent des choses neuves. On notera d’ailleurs la présence de cet adjectif dans « Zone », à deux reprises : « toute neuve » (extrait 1), puis « Neuve » (extrait 2). C’est le monde urbain lié au travail qui l’intéresse surtout dans « Zone ». De nombreux métiers sont cités (les « sténodactylographes » existent depuis peu de temps), plutôt liés au tertiaire dans « Zone », davantage liés à l’industrie dans « Vendémiaire », puisque l’extrait est celui de la réponse des « villes du Nord ». Des détails précis montrent un attachement profond aux réalités des travailleurs, comme le rythme « Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour », dont le vers rend compte par sa construction, ou encore l’importance accordée aux mains des ouvriers industriels dans « Vendémiaire » :« manufactures », « mains », « doigts ».

2. Assez paradoxalement, la ville est systématiquement associée au vivant. La tour Eiffel de « Zone » devient la « bergère » du « troupeau des ponts » ; la « sirène y gémit » ; « une cloche rageuse y aboie » ; les enseignes sont aussi bavardes et pénibles que des « perroquets », les tramways sont, à l’instar des ponts, assimilés à du bétail dans le détail de leur « échine ». Sans doute est-ce cela qui permet au poète d’écrire qu’il aime « la grâce » de la ville, qui pour être neuve et « métallique », n’en reste pas moins totalement intégrée dans le monde humain dont elle devient une sorte d’excroissance.
Ce monde urbain ne vient pas s’opposer violemment à la campagne, il semble en recréer une nouvelle. La métaphore de « Vendémiaire » est à ce sujet plus frappante encore : « Nos cheminées à ciel ouvert engrossent des nuées ». Le progrès est ici fécond, et directement lié à la nature puisque les nuages des cheminées d’usines donnent naissance à des « nuées » qui viennent se confondre avec les nuages du ciel. Enfin, la comparaison avec « Ixion » rend ce progrès encore plus essentiel : loin de se présenter comme la négation du passé, il crée un lien direct avec la mythologie antique.



3. Le thème du voyage est récurrent dans Alcools. Il peut tout d’abord être lié à la vie personnelle d’Apollinaire, qui a beaucoup voyagé, et ce, depuis sa naissance (voir le poème « Zone », qui dresse la liste des villes parcourues, ainsi que « Vendémiaire »).
Dans ces courts extraits, on relèvera « Paris », « les villes du Nord », « l’Amérique », mais aussi « Landor Road », nom de la rue dans laquelle Annie Playden habitait à Londres. D’autres poèmes d’Alcools font référence à des pays étrangers : l’Allemagne dans le cycle « Rhénanes », la Hollande dans « Rosemonde », l’Allemagne encore et l’Asie dans « Marizibill » (« Cologne », « Munich » et « Changaï »).
Ce qui permet cette ouverture au monde, c’est la réduction des distances créée au xxe siècle par l’invention ou le perfectionnement des moyens de transport. Le train est cité dans l’extrait 6 (« gare »), tout comme la navigation (« matelots ») que l’on retrouve dans « L’Émigrant de Landor Road » : « Mon bateau partira demain pour l’Amérique ». Mais ce sont aussi les « tramways » de « La Chanson du Mal-Aimé », et, principalement dans « Zone », l’aviation. Apollinaire consacre les soixante-dix premiers vers de ce poème au vol, allant jusqu’à comparer Jésus à un aviateur, puisqu’il « Il détient le record du monde de la hauteur ». Si l’aviation fascine autant Apollinaire, c’est peut-être (il s’en explique dans L’Esprit nouveau et les poètes en 1917) en référence au mythe d’Icare. L’homme est pour lui un « prodige », puisqu’il a réussi à réaliser les mythes. Icare, ainsi, n’était qu’une « vérité supposée » que l’homme a fait advenir, dans une forme de sublimation.