jeudi 2 janvier 2020

Comparaisons de trois mises enscène de la scène 1 Acte I du Mariage de Figaro ' séance du samedi 21 décembre

Mise en scène Jean-Pierre Vincent
Avec Dominique Blanc dans le rôle de Suzanne et André Marcon dans le rôle de Figaro

 -         comment montre-t-il que la pièce est désaffectée ? quel est le mobilier ?
  murs sans tapisseries, marques de plâtre ou de peinture; échelle; lit pas fait; piles de drap sur le lit; vagues tentures; le fauteuil; un mannequin de couturière 

-         quel rôle est donné au lit ? 
les personnages s’y installent, ce rôle central souligne qu’il est le centre de la conversation, érotisme suggéré, complicité des deux amoureux, attente fébrile de la consommation du mariage.
     -         à l’éclairage ? 
très tamisé au départ 
-         à la musique ?
deux musiciens : violoneux; l'aspect musiciens de rue souligne la présence du peuple dans la pièce; sorte d’ouverture; changement significatif de mélodie lorsque Suzanne entre : plus romantique; c’est Suzanne qui congédie les musciens, comme si elle avait donné l’aubade à Figaro 
-         est-ce un décor totalement réaliste ?
non, côté cour, la coulisse est complètement ouverte
 

Mise en scène de Christophe Rauck à la Comédie Française

  tous les indices qui renvoient à la Comédie-Française : les dimensions de la chambre qui correspondent à celles de la scène, le fauteuil de malade qui fait référence au Malade imaginaire(et qui se trouve dans le foyer du théâtre) et le plan du Français,que tient Figaro dans sa main au début de la pièce à la place de la toise. La mise en scène, comme le texte de Beaumarchais, fait référence à ce célèbre théâtre,jouant sur l’illusion théâtrale : espace dramatique et espace scénique se confondent.
 Christophe Rauck ouvre l’espace scénique sur l’espace des spectateurs, rompant la séparation classique entre ces deux mondes. La loge qui donne directement sur la scène fait office de garde-robe, les comédiens partent de l’orchestre au lieu des coulisses, le procès se déroule à cheval sur la scène et l’orchestre. La salle entière devient le lieu de la représentation.

 L’absence de réalisme.On recensera les décors et objets présents sur scène. Les décors utilisent le procédé du trompe-l’œil : le lit ou le fauteuil sont, selon les actes, des objets réels ou des dessins sur des panneaux. La porte d’entrée est également un rideau qui descend ou remonte selon les besoins. L’espace scénique ne cherche pas à créer l’illusion du réel. On s’interrogera sur les effets de la méta-théâtralité : pourquoi ne pas respecter l’illusion réaliste ?La création d’un espace théâtral.Le jeu sur l’artificialité du théâtre, déjà très présent dans le texte de Beaumarchais, est constant dans cette représentation. Figaro se présente lui-même comme un meneur d’intrigues, c’est lui le représentant de l’auteur dans la pièce. Tous les personnages doivent endosser un rôle pour lemariage, si bien que le comte finit par s’écrier :« Jouons-nous une comédie ? » (Acte IV, scène 7.) Les comédiens surjouent lorsqu’ils mentent pour bien faire comprendre qu’ils jouent la comédie. On assiste peu à peu à une vaste mise en abyme dut héâtre. On analysera le procédé de l’exposition,toujours un peu artificiel, qui est poussé à son extrême ici puisque les personnages sont présentés sous la forme d’un tableau vivant. Figaro et Suzanne vont de l’un à l’autre en les désignant et en expliquant leur situation.

Mise en scène de Rémi Barché

 UN UNIVERS DE FÊTE : UN ARTIFICE POUR CACHER LE MUSELLEMENT D’UNE PARTIE DE LA SOCIÉTÉ AU PROFIT D’UNE AUTRE
 un grand univers de fête, celui de la préparation du mariage de Suzanne et de Figaro. Cependant, la mise en scène de Rémy Barché met aussi en évidence, par contraste, la violence qui peut régner dans ce monde du paraître.
 Les ballons qui éclatent, le plateau rose, les rideaux en fond de scène qui disparaissent au dernier acte, la boule à facettes, les lustres qui peuvent monter ou descendre, qui sont parfois allumés, parfois éteints, les micros, les préparatifs d'un concert rock...Tout cela renvoie à l’idée de préparation d’une fête, préparation d’un mariage de façon presque exagérée, un lieu où l’on semble « forc[er] le spectateur à se sentir amoureux 1 »

 Au premier acte, c’est l’installation de la salle des fêtes, les cintres sont en bas. Le deuxième acte, plus sombre, plus en retenue, plus vide grâce à la montée des cintres renvoie à l’univers du drame psychologique. La descente du rideau de fer au troisième acte sonne comme l’interruption de la fête par le Comte, il permet un jeu plus proche du public aussi. Au quatrième acte, l’esprit de fête revient avec la présence des micros et des musiciens, avant le chaos de l’acte V, marqué par la présence de fumée, où les personnages ont bien du mal à se distinguer

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