samedi 9 novembre 2019

Le personnage de Julien (4) Un héros de la volonté et du secret


Le personnage de Julien (4)

1.       Un héros de la volonté : A la fin, J s’interrogera sur à quoi rime cette hypocrisie avec lui-même qu’il combat alors : division chronique. L’ambition est beaucoup plus que la quête d’un succès social, l’hypocrisie est plus qu’un moyen de parvenir : volonté de puissance, exercice de la force du moi qui se crée contre les autres et lui-même.
« Discipliner sa machine personnelle : contrôle, volonté, décision, se dominer pour dominer. Se fonder souverainement : napoléonisme comme jésuitisme conduisent au même héroïsme de la volonté toute puissante et auto fondatrice, par delà le bien et le mal, le vrai et le faux : liberté pure. Cf admiration de Mathilde pour son machiavélisme//Julien l’Apostat, grands politiques, grands traîtres du théâtre élisabéthains. « La volonté de l’homme est toute puissante » : Je veux donc je suis. Cf résistance à l’amour de Mathilde « un être capable d’un tel effort peut aller loin » mythe : la croyance absolue dans le pouvoir du vouloir.
Tout projet est un serment à tenir à tout prix : rendre équivalent l’idée et l’être. cf « A l’ avenir, je ne compterai que sur les parties de mon caractère que j’ai éprouvées », cherche la garantie d’une intrépidité infaillible par des rêveries de danger et de mort cf « je n’aurais pas sourcillé » : certitude d’une coïncidence parfaite entre l’être et le vouloir.
Traque en lui tous les élans de la sensibilité et de spontanéité incontrôlée, tumulte des émotions : bonté, timidité, respect, gratitude, pitié, angoisse, peur, désirs, scrupules qui dérèglent ses projets.
Sortes de transes qui l’arrachent à lui-même : évanouissement, convulsions, moments de sensibilité paralysante cf unique préoccupation pendant le procès : ne pas montrer qu’il est attendri, peur d’avoir peur ressentie comme une humiliation profonde.
Paradoxe d’un personnage plein de feu, d’une « ardeur sombre » traversé de moments de « folie » ou d’égarement ou de « mouvements de passion » qui font de sa vie « une tempête » sans fin ou de « gaucheries « sans nombre : sensibilité excessive qui le compromet dans tout ce qu’il fait.
J ressent comme une faiblesse tous les élans de sa nature, toutes les impulsions de son cœur, menace pour lui qu’il ait « un cœur si facile à toucher ». « L’air de penser toujours et de n’agir qu’avec politique » : projet surhumain d’être l’œuvre de sa volonté. « Son orgueil ne voulut rien laisser au hasard ni à l’inspiration du moment ». Aussi J qui n’est qu’impulsion et rêve ne semble à l’aise que dans les contraintes qu’il s’impose : côté froid qui s’observe et sait se dédoubler, se distancier, stt en amour.

2.       Un héros du secret : démarche d’un Moi qui refuse la communauté sociale et humaine.// Diaboliques de Barbey d'Aurévilly : «  bonheur de l’imposture » qui est « dans la pensée qu’on se sait seul soi-même et qu’on joue à la société une comédie dont elle est dupe. » Cf Nietzsche : « plus l’homme est de race supérieure, plus l’homme a besoin d’incognito ».
J dès l’origine condamné à dissimuler ce qu’il est, « inconnu », entreprise défensive qui devient agressive dès sa décision de parvenir à tout en ne donnant rien de lui-même. Toujours quelque chose à cacher : portrait de Napoléon, écrits qu’il brûle, carte d’Amanda, lettres de Mathilde. Cache son étrangeté radicale, son état de rupture avec les sociétés. Besoin de se cacher pour réfléchir, rêver, se parler à lui-même : tentation de la confidence : avec le vieux chirurgien major, avec Mme de Rênal « si délicieux plaisir à être sincère » mais il n’ose pas être sincère, occasion avec Pirard, avec le marquis, avec Mathilde, en prison : peut à la fin de sa vie raconter « toutes ses faiblesses «  à Mme de Rênal. Méditation philosophique finale pour que J voie « clair dans son âme. »

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