Le personnage de Julien (4)
1. Un
héros de la volonté : A la fin, J s’interrogera sur à quoi rime cette
hypocrisie avec lui-même qu’il combat alors : division chronique.
L’ambition est beaucoup plus que la quête d’un succès social, l’hypocrisie est
plus qu’un moyen de parvenir : volonté de puissance, exercice de la force
du moi qui se crée contre les autres et lui-même.
« Discipliner sa
machine personnelle : contrôle, volonté, décision, se dominer pour
dominer. Se fonder souverainement : napoléonisme comme jésuitisme
conduisent au même héroïsme de la volonté toute puissante et auto fondatrice,
par delà le bien et le mal, le vrai et le faux : liberté pure. Cf
admiration de Mathilde pour son machiavélisme//Julien l’Apostat, grands
politiques, grands traîtres du théâtre élisabéthains. « La volonté de
l’homme est toute puissante » :
Je veux donc je suis. Cf résistance à l’amour de Mathilde « un être
capable d’un tel effort peut aller loin » mythe : la croyance absolue
dans le pouvoir du vouloir.
Tout projet est un serment
à tenir à tout prix : rendre équivalent l’idée et l’être. cf « A l’
avenir, je ne compterai que sur les parties de mon caractère que j’ai
éprouvées », cherche la garantie d’une intrépidité infaillible par des
rêveries de danger et de mort cf « je n’aurais pas sourcillé » :
certitude d’une coïncidence parfaite entre l’être et le vouloir.
Traque en lui tous les
élans de la sensibilité et de spontanéité incontrôlée, tumulte des
émotions : bonté, timidité, respect, gratitude, pitié, angoisse, peur,
désirs, scrupules qui dérèglent ses projets.
Sortes de transes qui
l’arrachent à lui-même : évanouissement, convulsions, moments de
sensibilité paralysante cf unique préoccupation pendant le procès : ne pas
montrer qu’il est attendri, peur d’avoir peur ressentie comme une humiliation
profonde.
Paradoxe d’un personnage
plein de feu, d’une « ardeur sombre » traversé de moments de
« folie » ou d’égarement ou de « mouvements de passion »
qui font de sa vie « une tempête » sans fin ou de « gaucheries
« sans nombre : sensibilité excessive qui le compromet dans tout ce
qu’il fait.
J ressent comme une faiblesse
tous les élans de sa nature, toutes les impulsions de son cœur, menace pour lui
qu’il ait « un cœur si facile à toucher ». « L’air de penser
toujours et de n’agir qu’avec politique » : projet surhumain d’être
l’œuvre de sa volonté. « Son orgueil ne voulut rien laisser au hasard ni à
l’inspiration du moment ». Aussi J qui n’est qu’impulsion et rêve ne
semble à l’aise que dans les contraintes qu’il s’impose : côté froid qui
s’observe et sait se dédoubler, se distancier, stt en amour.
2. Un héros du secret : démarche d’un
Moi qui refuse la communauté sociale et humaine.// Diaboliques de Barbey d'Aurévilly : « bonheur de l’imposture » qui est
« dans la pensée qu’on se sait seul soi-même et qu’on joue à la société
une comédie dont elle est dupe. » Cf Nietzsche : « plus l’homme
est de race supérieure, plus l’homme a besoin d’incognito ».
J dès l’origine condamné à
dissimuler ce qu’il est, « inconnu », entreprise défensive qui
devient agressive dès sa décision de parvenir à tout en ne donnant rien de
lui-même. Toujours quelque chose à cacher : portrait de Napoléon, écrits
qu’il brûle, carte d’Amanda, lettres de Mathilde. Cache son étrangeté radicale,
son état de rupture avec les sociétés. Besoin de se cacher pour réfléchir,
rêver, se parler à lui-même : tentation de la confidence : avec le
vieux chirurgien major, avec Mme de Rênal « si délicieux plaisir à être
sincère » mais il n’ose pas être sincère, occasion avec Pirard, avec le
marquis, avec Mathilde, en prison : peut à la fin de sa vie raconter
« toutes ses faiblesses « à Mme de Rênal. Méditation philosophique
finale pour que J voie « clair dans son âme. »
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