Analyse phrases par phrases du texte extrait du chapitre IV
-« De grands yeux noirs…la haine la plus force. » :
le narrateur insiste sur le regard par les deux adjectifs « grands et « noirs »,
en contraste avec les « joues pourpres » : jeu de couleur à
rattacher au titre du roman Le Rouge et le Noir. La phrase complexe souligne une
opposition temporelle par les compléments circonstanciels « dans les
moments tranquilles » et « en cet instant » pour expliquer le
contenu du regard de Julien et à nouveau signaler son ambivalence : « réflexion
et feu » en temps normal, « haine la plus féroce » dans la
situation présente et sous l’humiliation qu’il subit. Les premiers mots sont
connotés favorablement et expriment des qualités : intellectualité et
énergie, la 2ème expression superlative révèle l’intensité du
ressentiment qu’il éprouve à l’égard de son père, par le choix de l’adjectif « féroce ».
La « haine » est ainsi réciproque cf plus haut dans le texte « la
lecture qui paraît « odieuse « au père Sorel et la violence verbale
et physique qu’il exerce sur son fils.
-« Des cheveux châtains…un air méchant » : le
portrait se poursuit par une description de la chevelure : Julien a les cheveux
foncés. Leur implantation en revanche n’est guère valorisante puisque « le
petit front » est souvent interprété comme un manque d’intelligence, ce
qui paraît une fois de plus en contradiction avec la phrase précédente : « la
réflexion » et « le feu ». La façon dont on perçoit Julien de l’extérieur
est variable : « en colère » il peut avoir « un air méchant ».
Lors de sa première apparition, il peut susciter la pitié du lecteur mais le
narrateur n’utilise pas le pathétique dans le portrait, il montre surtout les
sentiments du personnage –haine, méchanceté, qui en font un être du ressentiment,
moralement abîmé par la violence qu’il subit au sein de la famille.
Toutes les phrases sont ambivalentes : faiblesse,
délicatesse, traits irréguliers/ nez aquilin, réflexion et feu/ haine, petit
front, air méchant.
-« Parmi les innombrables variétés… spécialité plus
saisissante » : intrusion du narrateur au présent « il n’en est
peut-être « » pour comparer « la physionomie » de Julien à la
variété des types physiques existants et mettre en valeur sa singularité par le
verbe « distinguer » et l’expression « une spécialité plus
saisissante » toujours de manière superlative. Julien est un être
particulier, que l’on remarque.
-« Une taille svelte…de vigueur » Le portrait,
après la tête, s’intéresse maintenant à la silhouette globale en signalant une
certaine féminité : « taille svelte et bien prise », un petit
gabarit en contraste avec la force physique des frères assimilés plus haut dans le texte à des « géants » ;
à nouveau l’auteur utilise une opposition: légèreté/vigueur.
« Dès sa première jeunesse… une charge à sa famille » :
Cette phrase reprend le point de vue du père sur le fils , nous faisant faire
un retour en arrière par les CC de temps et l’emploi du plus que parfait : «
Dès sa première jeunesse », «
avait donné l’idée à son père », qui le pensait fragile au point de mourir :
« air extrêmement pensif », « grande pâleur » sont interprétés
par le père comme des signes de fragilité ( conditionnel « vivrait »,
irréel du passé) : mortalité ou poids pour la famille. Dès l’enfance, le père
le rejette donc, comme ne lui étant pas utile et même « à charge »
-« Objet des mépris de tous… il était battu » :
la dernière phrase composée de deux propositions juxtaposées créé un
parallélisme entre ce qui se passe dans la famille et ce qui se passe à l’extérieur
(« dans les jeux du dimanche », « sur la place publique » )
ainsi qu’une opposition : Julien « hait ses frères et son père » :
le verbe est actif, la haine étant motivée par le mépris dans lequel on le
tient,/ « il était toujours battu » : le verbe est passif
et signale le fait qu’il ne s’intègre pas dans la société virile avec l’insistance
de l’adverbe « toujours » ; la 2ème phrase semble
suggérer les raison du mépris de ses frères et de son père : il n’a aucune
des qualités qui pourraient le valoriser à leurs yeux : force physique,
combattivité.
Julien est un personnage dévalorisé, mal traité, brimé,
humilié par les siens. On peut signaler l’absence totale de présence maternelle
et aimante dans son monde.
Non sans ironie, le narrateur signale dans la dernière
phrase du passage qu’en revanche Julien commence à plaire aux jeunes filles par sa« jolie figure »,- mais le
portrait n’avait pas insisté sur cet aspect valorisant de sa personne-, « lui
donne quelques voix amies parmi les jeunes filles. »
La façon de considérer Julien est variable selon le point de
vue. L’apparence de ce dernier est interprétée par tout le monde et peut être
trompeuse. Au lecteur de se faire une opinion.
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