mardi 24 septembre 2019

Notes pour une explication possible de l'extrait du chapittreIX: la conquête de la main


Stendhal, Le Rouge et le noir, part. I, chap. 9
 Le Rouge et le noir Stendhal - Henri Beyle 1830

La conquête de la main • Ière partie - Chapitre IX
Introduction
1.      Situation du passage (J. précepteur chez Mme de Rênal, etc...)
 • à Vergy, un an après leur rencontre
• les 2 pers. attirés l’un par l’autre
• J. a déjà touché la main de Mme de R qui l’a retirée ; il souhaite mener à bien son entreprise de séduction 

Problématique : Scène de conquête amoureuse
 • Comment Julien conquiert cette main ?
 • Qu’est-ce qui fait l’originalité de cette scène ?
 • En quoi préfigure-t-elle l’incapacité du héros à trouver le bonheur ?
-Que découvre-t-on sur le personnage de Julien dans cette scène de séduction que le narrateur relate avec ironie?



- Une étrange scène de séduction amoureuse
 1.Un cadre propice à la rencontre
 Un cadre propice à la rencontre Jardin + crépuscule ce soir-là ... la nuit vint... caractère exceptionnel de ce moment, moment décisif
 Atmosphère de suspense soulignée par la brièveté de la phrase «La nuit vint», nuit obscure, propice aux scènes amoureuses cachées, ciel chargé de nuages... vent très chaud, tension avant la tempête, Atmosphère qui correspond à l’ébullition intérieure du héros (paysage état d’âme) Mais Pb de la présence d'un tiers: mme Derville, pimente l'action, la rend plus risquée. ( Adjuvant ou opposant dans la suite du roman?)

2. Une émotion intense chez Julien
•la focalisation interne
•le lexique de l’émotion
 1.Tout est perçu à travers Julien (pt de vue interne qui traduit sa sensibilité) ; il ne retient des circonstances que ce qui favorise son entreprise : il observa qu’elle serait fort obscure Concentrati° de J. sur sa volonté d’agir, même la scène des femmes lui semble étrange :«tout ce qu’elles faisaient...singulier»
Percept° du temps : On s’assit enfin impatience de Julien : ttes les indicat° temporelles traduisent l’impatience de J. qui s’est fixé un ultimatum : chaque coup de cette cloche fatale...poitrine Paliers d’anxiété marqués par les notations temporelles.
2. le lexique de l'émotion L’émoti° de J. se traduit physiquement : tremblant...malheureux...mortelle angoisse...excès d’émotion...hors de lui
Ce ch. lexical se confond avec celui de la souffrance : affreux supplice...force convulsive...mortelle angoisse
Cette première aventure amoureuse se transforme en torture morale ; c’est le pt de vue omniscient qui permet ici de sonder l’intimité de Julien : Son âme fut inondée de bonheur, non qu’il aimât Mme de Rênal, mais un affreux supplice venait de cesser.
 Alternance de pt vue interne et omniscient qui permet de resituer le bouillonnement intérieur de Julien : «il» «je» monologue interne on ne sait rien de ce que ressent Mme de rênal (façon de mieux montrer deux pers. distants)

II. Action militaire et parodie
1 - Un devoir militaire : Lexique de l’héroïsme : (gloire)... les dangers...un duel...affreux combat...la lâcheté + Lexique du devoir :l’affreux combat que le devoir livrait à la timidité... Le futur, marque de détermination (volonté d’agir) j’exécuterai...monterai...
J. se fixe un ultimatum : Succession de verbes d’action qui marque le triomphe de sa volonté pas de satisfaction sensuelle à prendre la main, mais un contrôle permanent de sa position : J’ai tenu cette main trop peu de temps pour que cela compte comme un avantage qui m’est acquis + présence d’ennemis : Mme Derville et ...Mme de Rênal

 2 - La parodie, le burlesque L’ironie de Stendhal est présente tout au long du passage J. est un piètre héros ; Stendhal se moque de sa lutte perpétuelle entre l’héroïsme et le peur cf «affreux combat», comme s’il s’agissait d’un combat de Titans décalage entre l’objet de la conquête et les moyens déployés (arsenal militaire) décalage entre les paroles héroïques et l’émotion qui le submerge décalage entre ce qu’il voudrait être et le garçon timide, voire timoré, qui n’ose pas rester face à Mme de Rênal. dédoublement qui crée du burlesque décalage entre la situation bucolique et le traitement militaire de la narration dérision du personnage qui n’a pas l’étoffe d’un héros

III Amour ou ambition ?
1.On ne sent jamais le fluide amoureux entre J. et Mme de Rênal 1 - Analyse psychologique Extrêmement approfondie, elle permet de mettre à jour les motivations profondes des actes. Julien apparaît dans toute son ambivalence : émotif et froid calculateur L’amour est totalement étouffé par l’ambition ; J. ne peut se laisser à être heureux, il cherche toujours à se contrôler (lexique du devoir et égotisme) il calcule les effets de ses actes sur son avancement dans la société. Ce cynisme égocentrique apparaît ds la phrase : «...non qu’il l’aimât, mais un affreux supplice venait de cesser» En voulant s’avancer socialement, J. s’interdit tout accès au bonheur.

2 - Impossible communication
 Prendre la main devrait être un symbole de communion entre les êtres ; or ici, la main est une cible, un trophée. Les personnages n’ont jamais été si proches physiquement et si éloignés sentimentalement (aucun partage d’émotion) «mais Julien ne s’en aperçut pas» Cette distance est marquée par l’emploi du «ON», vidé d’identité «cette main lui resta» cf aussi la froideur de la main, comme détachée du corps,  opposit° entre Julien, tout à sa gloire, et Mme de Rênal, émue et tremblante. Son orgueil lui donne accès à une main froide, mais non à l’âme

 Conclusion :  Julien se comporte en double de Napoléon... de pacotille (= qui se voudrait héroïque, mais qui est très vite envahi par la panique). Il confond champ amoureux et champ de bataille, mais cette confusion burlesque est tragique : Julien ne saura pas profiter de l’amour de Mme de Rênal. Il ne comprendra que fort tard que le bonheur ne réside pas dans la conquête sociale annonce des échecs futurs


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