Stendhal, Le Rouge et le noir, part. I, chap. 9
Le Rouge et le noir Stendhal - Henri Beyle
1830
La conquête
de la main • Ière partie - Chapitre IX
Introduction
1. Situation du passage (J. précepteur
chez Mme de Rênal, etc...)
• à Vergy, un
an après leur rencontre
• les 2 pers. attirés l’un par l’autre
• J. a déjà touché la main de Mme de R qui l’a retirée
; il souhaite mener à bien son entreprise de séduction
Problématique : Scène de conquête amoureuse
• Comment
Julien conquiert cette main ?
• Qu’est-ce qui
fait l’originalité de cette scène ?
• En quoi
préfigure-t-elle l’incapacité du héros à trouver le bonheur ?
-Que découvre-t-on sur le personnage de Julien dans cette scène de séduction que le narrateur relate avec ironie?
- Une étrange scène de séduction amoureuse
1.Un cadre
propice à la rencontre
Un
cadre propice à la rencontre Jardin + crépuscule ce soir-là ... la nuit vint...
caractère exceptionnel de ce moment, moment décisif
Atmosphère de
suspense soulignée par la brièveté de la phrase «La nuit vint», nuit obscure,
propice aux scènes amoureuses cachées, ciel chargé de nuages... vent très chaud,
tension avant la tempête, Atmosphère qui correspond à l’ébullition intérieure du
héros (paysage état d’âme) Mais Pb de la présence d'un tiers: mme Derville, pimente l'action, la rend plus risquée. ( Adjuvant ou opposant dans la suite du roman?)
2. Une émotion intense chez Julien
•la
focalisation interne
•le lexique
de l’émotion
1.Tout est perçu à travers Julien (pt de vue
interne qui traduit sa sensibilité) ; il ne retient des circonstances que ce
qui favorise son entreprise : il observa qu’elle serait fort obscure
Concentrati° de J. sur sa volonté d’agir, même la scène des femmes lui semble
étrange :«tout ce qu’elles faisaient...singulier»
Percept° du
temps : On s’assit enfin ➙ impatience de Julien : ttes les
indicat° temporelles traduisent l’impatience de J. qui s’est fixé un ultimatum :
chaque coup de cette cloche fatale...poitrine ➙ Paliers
d’anxiété marqués par les notations temporelles.
2. le lexique de l'émotion L’émoti° de
J. se traduit physiquement : tremblant...malheureux...mortelle angoisse...excès
d’émotion...hors de lui
Ce ch.
lexical se confond avec celui de la souffrance : affreux supplice...force
convulsive...mortelle angoisse
Cette
première aventure amoureuse se transforme en torture morale ; c’est le pt de
vue omniscient qui permet ici de sonder l’intimité de Julien : Son âme fut
inondée de bonheur, non qu’il aimât Mme de Rênal, mais un affreux supplice
venait de cesser.
Alternance de pt vue interne et omniscient qui
permet de resituer le bouillonnement intérieur de Julien : «il» «je» monologue
interne on ne sait rien de ce que ressent Mme de rênal (façon de mieux montrer
deux pers. distants)
II. Action
militaire et parodie
1 - Un
devoir militaire : Lexique de l’héroïsme : (gloire)... les dangers...un
duel...affreux combat...la lâcheté + Lexique du devoir :l’affreux combat
que le devoir livrait à la timidité... Le futur, marque de détermination
(volonté d’agir) j’exécuterai...monterai...
J. se fixe un
ultimatum : Succession de verbes d’action qui marque le triomphe de sa
volonté ➙ pas de satisfaction sensuelle à
prendre la main, mais un contrôle permanent de sa position : J’ai tenu cette
main trop peu de temps pour que cela compte comme un avantage qui m’est acquis
+ présence d’ennemis : Mme Derville et ...Mme de Rênal
2 - La parodie, le burlesque L’ironie de
Stendhal est présente tout au long du passage ➙ J. est un
piètre héros ; Stendhal se moque de sa lutte perpétuelle entre l’héroïsme et le
peur cf «affreux combat», comme s’il s’agissait d’un combat de Titans ➙ décalage entre l’objet de la conquête et les moyens déployés (arsenal
militaire) ➙ décalage entre les paroles
héroïques et l’émotion qui le submerge ➙ décalage
entre ce qu’il voudrait être et le garçon timide, voire timoré, qui n’ose pas
rester face à Mme de Rênal. ➙ dédoublement qui crée du burlesque ➙ décalage entre la situation bucolique et le traitement militaire de la
narration ➙ dérision du personnage qui n’a pas
l’étoffe d’un héros
III Amour ou
ambition ?
1.On ne sent
jamais le fluide amoureux entre J. et Mme de Rênal 1 - Analyse psychologique
Extrêmement approfondie, elle permet de mettre à jour les motivations profondes
des actes. ➙ Julien apparaît dans toute son
ambivalence : émotif et froid calculateur L’amour est totalement étouffé par
l’ambition ; J. ne peut se laisser à être heureux, il cherche toujours à se
contrôler (lexique du devoir et égotisme) il calcule les effets de ses actes
sur son avancement dans la société. Ce cynisme égocentrique apparaît ds la
phrase : «...non qu’il l’aimât, mais un affreux supplice venait de cesser» En
voulant s’avancer socialement, J. s’interdit tout accès au bonheur.
2 -
Impossible communication
Prendre la main devrait être un symbole de
communion entre les êtres ; or ici, la main est une cible, un trophée. Les
personnages n’ont jamais été si proches physiquement et si éloignés
sentimentalement (aucun partage d’émotion) «mais Julien ne s’en aperçut pas»
Cette distance est marquée par l’emploi du «ON», vidé d’identité «cette main
lui resta» cf aussi la froideur de la main, comme détachée du corps, opposit° entre Julien, tout à sa gloire, et
Mme de Rênal, émue et tremblante. ➙Son orgueil
lui donne accès à une main froide, mais non à l’âme
Conclusion : Julien se comporte en double de Napoléon... de
pacotille (= qui se voudrait héroïque, mais qui est très vite envahi par la
panique). Il confond champ amoureux et champ de bataille, mais cette confusion
burlesque est tragique : Julien ne saura pas profiter de l’amour de Mme de
Rênal. Il ne comprendra que fort tard que le bonheur ne réside pas dans la
conquête sociale ➙ annonce des échecs futurs
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