mardi 10 septembre 2019

Commenter le titre d'une oeuvre

Le titre est souvent le premier texte que nous lisons à propos d'une oeuvre.
1. S'imaginer l'histoire à partir du titre, l'analyser avant lecture.
2 Après lecture de l'oeuvre, approfondir la signification du titre.

A faire pour toutes vos lectures dans le carnet

Le Rouge et le Noir :  titre mystérieux, groupe nominal qui associe deux couleurs assez fortes par une conjonction de coordination. donc mises sur le même plan. suggère une dualité dans le roman, des ambivalences: deux livres par exemple, deux femmes aimées: Mme de Rênal dons le livre I, Mathilde de la Môle dans le livre II etc
Connotations du rouge: passion, feu, action, amour, intensité, bravoure
Connotations du noir: tristesse, mort ( dans notre culture), méchanceté, noirceur d'âme.

Le Rouge et le Noir, un titre ouvert

On a coutume d'associer le rouge à la carrière militaire que Julien envisage pour se distinguer et monter dans l'échelle sociale et le Noir à la carrière ecclésiastique: se faire une place en entrant dans le clergé. Pas complètement satisfaisant car les hauts dignitaires de l'Eglise, comme le jeune évêque d'Agde que Julien surprend entrain de s'entraîner devant une glace à bénir les fidèles, porte un costume d'apparat violet.

"À l’autre extrémité de la salle, près de l’unique fenêtre par laquelle le jour pénétrait, il vit un miroir mobile en acajou. Un jeune homme, en robe violette et en surplis de dentelle, mais la tête nue, était arrêté à trois pas de la glace. Ce meuble semblait étrange en un tel lieu, et, sans doute, y avait été apporté de la ville. Julien trouva que le jeune homme avait l’air irrité ; de la main droite il donnait gravement des bénédictions du côté du miroir.
Que peut signifier ceci ? pensa-t-il : est-ce une cérémonie préparatoire qu’accomplit ce jeune prêtre ? C’est peut-être le secrétaire de l’évêque… il sera insolent comme les laquais… ma foi, n’importe, essayons.
Il avança et parcourut assez lentement la longueur de la salle, toujours la vue fixée vers l’unique fenêtre, et regardant ce jeune homme qui continuait à donner des bénédictions exécutées lentement mais en nombre infini, et sans se reposer un instant.
À mesure qu’il approchait, il distinguait mieux son air fâché. La richesse du surplis garni de dentelles arrêta involontairement Julien à quelques pas du magnifique miroir.
Il est de mon devoir de parler, se dit-il enfin ; mais la beauté de la salle l’avait ému, et il était froissé d’avance des mots durs qu’on allait lui adresser.
Le jeune homme le vit dans la psyché, se retourna, et quittant subitement l’air fâché, lui dit du ton le plus doux :
— Eh bien, monsieur, est-elle enfin arrangée ?
Julien resta stupéfait. Comme ce jeune homme se tournait vers lui, Julien vit la croix pectorale sur sa poitrine : c’était l’évêque d’Agde. Si jeune, pensa Julien ; tout au plus six ou huit ans de plus que moi !…
Et il eut honte de ses éperons.
— Monseigneur, répondit-il timidement, je suis envoyé par le doyen du chapitre, M. Chélan.
— Ah ! il m’est fort recommandé, dit l’évêque d’un ton poli qui redoubla l’enchantement de Julien. Mais je vous demande pardon, monsieur, je vous prenais pour la personne qui doit me rapporter ma mitre. On l’a mal emballée à Paris ; la toile d’argent est horriblement gâtée vers le haut. Cela fera le plus vilain effet, ajouta le jeune évêque d’un air triste, et encore on me fait attendre !
— Monseigneur, je vais chercher la mitre, si Votre Grandeur le permet.
Les beaux yeux de Julien firent leur effet.
— Allez, monsieur, répondit l’évêque avec une politesse charmante ; il me la faut sur-le-champ. Je suis désolé de faire attendre messieurs du chapitre.
Quand Julien fut arrivé au milieu de la salle, il se retourna vers l’évêque et le vit qui s’était remis à donner des bénédictions. Qu’est-ce que cela peut-être ? se demanda Julien, sans doute c’est une préparation ecclésiastique nécessaire à la cérémonie qui va avoir lieu. Comme il arrivait dans la cellule où se tenaient les valets de chambre, il vit la mitre entre leurs mains. Ces messieurs, cédant malgré eux au regard impérieux de Julien, lui remirent la mitre de Monseigneur."
Chapitre XVIII un Roi à Verrières

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