Le titre est souvent le premier texte que nous lisons à propos d'une oeuvre.
1. S'imaginer l'histoire à partir du titre, l'analyser avant lecture.
2 Après lecture de l'oeuvre, approfondir la signification du titre.
A faire pour toutes vos lectures dans le carnet
Le Rouge et le Noir : titre mystérieux, groupe nominal qui associe deux couleurs assez fortes par une conjonction de coordination. donc mises sur le même plan. suggère une dualité dans le roman, des ambivalences: deux livres par exemple, deux femmes aimées: Mme de Rênal dons le livre I, Mathilde de la Môle dans le livre II etc
Connotations du rouge: passion, feu, action, amour, intensité, bravoure
Connotations du noir: tristesse, mort ( dans notre culture), méchanceté, noirceur d'âme.
Le Rouge et le Noir, un titre ouvert
On a coutume d'associer le rouge à la carrière militaire que Julien envisage pour se distinguer et monter dans l'échelle sociale et le Noir à la carrière ecclésiastique: se faire une place en entrant dans le clergé. Pas complètement satisfaisant car les hauts dignitaires de l'Eglise, comme le jeune évêque d'Agde que Julien surprend entrain de s'entraîner devant une glace à bénir les fidèles, porte un costume d'apparat violet.
"À l’autre extrémité de la salle, près de l’unique fenêtre par
laquelle le jour pénétrait, il vit un miroir mobile en acajou. Un jeune
homme, en robe violette et en surplis de dentelle, mais la tête nue,
était arrêté à trois pas de la glace. Ce meuble semblait étrange en un
tel lieu, et, sans doute, y avait été apporté de la ville. Julien trouva
que le jeune homme avait l’air irrité ; de la main droite il donnait
gravement des bénédictions du côté du miroir.
Que peut signifier ceci ? pensa-t-il : est-ce une cérémonie
préparatoire qu’accomplit ce jeune prêtre ? C’est peut-être le
secrétaire de l’évêque… il sera insolent comme les laquais… ma foi,
n’importe, essayons.
Il avança et parcourut assez lentement la longueur de la salle,
toujours la vue fixée vers l’unique fenêtre, et regardant ce jeune homme
qui continuait à donner des bénédictions exécutées lentement mais en
nombre infini, et sans se reposer un instant.
À mesure qu’il approchait, il distinguait mieux son air fâché. La
richesse du surplis garni de dentelles arrêta involontairement Julien à
quelques pas du magnifique miroir.
Il est de mon devoir de parler, se dit-il enfin ; mais la beauté
de la salle l’avait ému, et il était froissé d’avance des mots durs
qu’on allait lui adresser.
Le jeune homme le vit dans la psyché, se retourna, et quittant subitement l’air fâché, lui dit du ton le plus doux :
— Eh bien, monsieur, est-elle enfin arrangée ?
Julien resta stupéfait. Comme ce jeune homme se tournait vers
lui, Julien vit la croix pectorale sur sa poitrine : c’était l’évêque
d’Agde. Si jeune, pensa Julien ; tout au plus six ou huit ans de plus
que moi !…
Et il eut honte de ses éperons.
— Monseigneur, répondit-il timidement, je suis envoyé par le doyen du chapitre, M. Chélan.
— Ah ! il m’est fort recommandé, dit l’évêque d’un ton poli qui
redoubla l’enchantement de Julien. Mais je vous demande pardon,
monsieur, je vous prenais pour la personne qui doit me rapporter ma
mitre. On l’a mal emballée à Paris ; la toile d’argent est horriblement
gâtée vers le haut. Cela fera le plus vilain effet, ajouta le jeune
évêque d’un air triste, et encore on me fait attendre !
— Monseigneur, je vais chercher la mitre, si Votre Grandeur le permet.
Les beaux yeux de Julien firent leur effet.
— Allez, monsieur, répondit l’évêque avec une politesse
charmante ; il me la faut sur-le-champ. Je suis désolé de faire attendre
messieurs du chapitre.
Quand Julien fut arrivé au milieu de la salle, il se retourna
vers l’évêque et le vit qui s’était remis à donner des bénédictions.
Qu’est-ce que cela peut-être ? se demanda Julien, sans doute c’est une
préparation ecclésiastique nécessaire à la cérémonie qui va avoir lieu.
Comme il arrivait dans la cellule où se tenaient les valets de chambre,
il vit la mitre entre leurs mains. Ces messieurs, cédant malgré eux au
regard impérieux de Julien, lui remirent la mitre de Monseigneur."
Chapitre XVIII un Roi à Verrières
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire